Intervention lors du conseil communautaire du 10 février 2023 à l’occasion de la délibération 14
14 – Rezé – Les Sorinières – Aménagement de l’axe magistral cyclable de Rezé (place des Martyrs de la Résistance) / LesSorinières (avenue du Sud) et amélioration de la performance de la ligne Chronobus C4 – Approbation du programme et de l’enveloppe financière prévisionnelle – Maîtrise d’œuvre – Lancement d’un appel d’offres ouvert.
Merci de cette délibération. En tant que cycliste, en tant que rezéen, je suis heureux des efforts de Rezé et de Nantes métropole pour faciliter les modes de transport d’avenir. J’aime que nous continuions à investir pour améliorer la circulation des vélos et des transports en commun. Face au constat du nombre croissant de cyclistes sur cette voie, le choix de cet axe est salutaire.
C’est avec un réel plaisir que je vais voter cette délibération toutefois, toutefois un colistier m’a fait remarquer que cette axe longe des quartiers, comme le village de l’Aufrère, où les habitants dénoncent des absences d’aménagements piétons ou cyclistes. Ceci me conduit à interroger mes propres choix. Est-il efficace de développer des axes principaux avant de finaliser la sécurisation des déplacements doux de proximité ? Que vaut un axe structurant vertueux quand pour certains et certaines habitantes il n’existe pas de parcours sécurisés pour le rejoindre ? Que vaut un axe structurant vertueux si, quand on se déplace au sein de son propre quartier, l’absence de parcours piétons ou cyclistes sécurisés incite à prendre sa voiture? A investissement équivalent, ne serait-il pas utile de prioriser la sécurisation des circulations douces sur le dernier kilomètre ?
Ces interrogations ne sont pas orphelines. Elles reposent sur une interrogation plus profonde quant aux défis que nous sommes dans l’obligation de relever. Sommes-nous sur une voie compatible avec l’ordre de grandeur des enjeux climatiques en facilitant les transports en commun et les déplacements doux sans radicalement et structurellement changer nos usages ? L’humanité a-t-elle la moindre chance de survivre si, au lieu de penser des déplacement plus vertueux et plus lent, nous ne nous attaquons pas prioritairement au besoin de réduire radicalement l’ensemble de nos activités, l’ensemble de nos déplacements ? Le premier de nos devoirs d’élues ne devrait-il pas être d’aider à faire connaitre la réalité du consensus scientifique sur l’ordre de grandeur des crises qui menacent l’humanité ? Ne devrait-on pas rappeler que le niveau d’activité économique constaté durant le confinement est celui que nous devons viser si nous souhaitons que nos petits enfants puissent vivre et non pas juste essayer de survivre ?
C’est avec plaisir que je vais voter cette délibération mais, de grâce, questionnons nos certitudes.